GENERIQUE
Cornish : Fermez la barrière. Concentrez-vous, s’il vous plaît. Prêts, tout le monde ? A l’attaque ! Allez ! A l’attaque ! Ca suffit. Arrêtez, espèces d’idiots. Stop ! Avez-vous la moindre idée du coût de cette représentation ? Vous croyez vraiment que Sa Majesté sera heureuse de dépenser une petite fortune dans une telle pagaille ? Qui a tiré cette balle de mousquet ?
Homme : Je crois que c’est moi, M. Cornish.
Cornish : Quel est ton but ? Si tu n’arrives pas à distraire les envoyés, tu comptes leur tirer dessus ? C’est ça ? On recommence.
Henry se balade à cheval avec Charles.
Henry VIII : J’ai un travail pour toi, Charles.
Charles : Comme il vous plaira.
Henry VIII : Ma sœur Margaret va épouser le roi du Portugal. Tu vas l’escorter, avec sa dot, jusqu’à Lisbonne, et tu la conduiras à l’autel.
Charles : Pourquoi moi ?
Henry VIII : Il me faut quelqu’un de confiance.
Charles : Moi, avec une jolie femme ?
Henry VIII : Avec ma sœur, bien sûr que je te fais confiance. Pourquoi en serait-il autrement ? De toute façon, tu es déjà fiancé à… Comment s’appelle-t-elle ? Je n’arrive pas à suivre.
Charles : Elizabeth Grey. Une cousine du marquis de Dorset.
Henry VIII : Exactement.
Charles : Je suis honoré par votre confiance, mais il reste un problème. Je suis trop insignifiant pour marier la sœur d’un roi, surtout du roi d’Angleterre.
Henry VIII : C’est pour ça que je te fais Duc. Duc de Suffolk. Cela convient-il à Monseigneur ? Viens !
More est dans une calèche avec 2 émissaires espagnols.
More : L’empereur fait ses amitiés au roi.
Mendoza : Nous vous sommes très reconnaissants M. More, d’être venu nous accueillir.
More : Tout l’honneur est pour moi. Sa Majesté considère votre visite comme un grand évènement.
Chapuys : Quand aurons-nous une audience avec Sa Majesté ?
More : sachez, Vos Excellences, qu’il n’y a qu’un moyen d’être entendu par le roi, c’est de passer par les bons offices du cardinal Wolsey.
Mendoza : Nous avons entendu dire, M. More, que le cardinal prêche les intérêts français.
More : Uniquement quand ils sont dans les nôtres. Quelle est la position de l’empereur, face à l’hérésie luthérienne gangrenant ses territoires ? Mon ami Erasme me dit qu’en Allemagne, elle s’étend comme un feu de forêt.
Mendoza : Son Altesse fait tout son possible pour l’éradiquer. Mais vous savez que Luther lui-même est l’hôte d’un prince allemand qu’il ne contrôle malheureusement pas.
More : Mon roi est en train d’écrire un pamphlet pour détruire les arguments de Luther, défendre la papauté et notre foi.
Chapuys : Vous voulez dire qu’il l’écrit lui-même, de sa propre main ?
More : Mon roi a de nombreux talents.
Le cardinal Wolsey accueille les émissaires espagnols.
Valet : Les envoyés de l’empereur, Votre Eminence.
Wolsey : Vos Excellences. C’est un jour heureux. De nombreuses réjouissances honoreront cette visite bienvenue. Et j’espère de tout cœur, qu’ensemble, nous achèverons les détails d’un traité qui liera votre maître au mien en une amitié perpétuelle.
Chapuys : C’est également notre souhait, Votre Eminence.
Wolsey : Bien. Je vous en prie. Pas vous, Thomas. Je veux que ni vous ni moi, ne perdions notre temps. Alors avant de boire, dites-moi : l’empereur est-il réellement sincère, avec ce traité ?
Chapuys : Bien sûr que oui.
Wolsey : Bien. Je propose de la concrétiser en annonçant les fiançailles de l’empereur avec la fille du roi, la princesse Marie.
Mendoza : Nous pensions qu’elle était déjà promise au dauphin.
Wolsey : Désormais, elle sera promise à Charles. A moins que vous n’y voyiez une objection ?
Mendoza : Au contraire.
Wolsey : Bien. C’est donc décidé.
Chapuys : L’empereur nous a dit d’informer Votre Eminence en personne, qu’il souhaiterait lui accorder une pension très généreuse. Il apportera également tout son soutien à votre ambition de devenir pape.
Wolsey : Buvons au succès de la visite de Vos Excellences.
Chapuys : Avec plaisir.
Thomas Boleyn se balade dans la résidence du duc de Norfolk avec celui-ci.
Duc de Norfolk : Allez-vous pouvoir mettre ma nièce face au roi ?
Thomas Boleyn : Oui, Monseigneur. Tout est arrangé. Anne jouera au spectacle en l’honneur des envoyés espagnols. Le roi aussi. Elle saura attirer son attention.
Duc de Norfolk : Bien. Tout en ouvrant les cuisses, elle pourra ouvrir la bouche et dénoncer Wolsey. On dit bien que les lames tranchantes sont dans les fourreaux les plus doux.
La représentation en l’honneur des envoyés espagnols débute.
Valet : Son Eminence, le cardinal Wolsey, et les ambassadeurs espagnols, Mendoza et Chapuys.
Mendoza : Qui sont ces dames ?
More : Ce sont les grâces, Excellence. Elles se nomment Gentillesse, Honneur, Constance, Miséricorde et Pitié. Elles sont prisonnières du château. La silhouette à gauche, sous les cœurs brisés, est la sœur de Sa Majesté, la princesse Margaret.
Chapuys : Qui les garde prisonnières ?
More : Danger, Jalousie, Méchanceté, Mépris, Dédain, Etrangeté, etc.
Mendoza : Le roi est-il là ? Lequel est-ce ?
More : Les hommes représentent Jeunesse, Dévotion, Loyauté, Plaisir, Douceur, Liberté. Et, oui, Sa Majesté est cachée parmi eux.
Homme : Moi, Désir ardent, j’exige que vous relâchiez les prisonnières.
Femme : Moi, Dame Mépris, je me ris de vos désirs.
Homme : Ces hommes sont de nobles seigneurs.
Femme 2 : Non, ce ne sont que des hommes déguisés.
Homme : Je répète, relâchez ces demoiselles si cruellement enfermées. Vous nous obligez donc à attaquer et percer vos défenses.
Femme 2 : Aucun chevalier ne percera les miennes.
Homme : Madame, Désir triomphe de tout. A l’attaque !
Les hommes attaquent le château.
Henry VIII : Persévérance, vous êtes ma prisonnière. Ma sœur.
Margaret : Mon frère.
Les prisonnières sont libérées.
Homme : Maintenant, tous vont être démasqués.
Les masques tombent et les hommes et femmes dansent.
Margaret, au roi : Je dois vous parler.
Henry VIII : Vous avez réglé toutes vos affaires ici, Margaret ?
Margaret : Oui, mais…
Henry VIII : Le roi a parlé de son amour pour vous, et de son impatience à vous voir, après avoir vu votre portrait.
Margaret : Je vous supplie, en tant que votre sœur, de ne pas me forcer à l’épouser. C’est un vieil homme.
Henry VIII et Charles échangent leur partenaire de danse.
Henry VIII : Qui êtes-vous ?
Anne Boleyn : Je suis Anne Boleyn.
Henry et Charles récupèrent leur partenaire de départ.
Thomas Boleyn : Merci, maître Cornish. Je vous suis très reconnaissant.
Cornish : Sir Thomas.
Charles rend visite à la princesse Margaret, sœur du roi.
Charles : Puis-je voir ta maîtresse ?
Servante : Un gentilhomme, mademoiselle.
Margaret : M. Brandon. Vous n’avez pas encore été élevé au rang de duc.
Charles : Non, madame.
Margaret : J’emmènerai au Portugal une compagnie de 200 personnes. Elle inclut mon chambellan, mon aumônier, ma blanchisseuse, toutes mes dames de compagnie.
Charles : Oui, madame.
Margaret : Si vous avez quelque chose à dire, adressez-vous à mon chambellan.
Charles : Oui, madame.
Margaret : Je m’étonne que mon frère ait choisi un roturier pour le représenter. Même Norfolk aurait été mieux.
Mendoza et Chapuys rendent visite à la reine.
Valet : Je vais vous annoncer la reine. Sa Majesté, Katherine D’Aragon, reine d’Angleterre. Votre Majesté, les envoyés d’Espagne.
Katherine : Je sais que vous avez une audience avec le roi. Je ne pouvais pas vous laisser passer sans vous voir.
Mendoza : Votre Majesté, votre neveu l’empereur vous adresse ses vœux filiaux les plus aimants.
Katherine : Dites-lui, s’il m’aime, qu’il devrait m’écrire. Mais je suis heureuse, du fond du cœur, que vous soyez ici, et qu’un traité voie le jour. Mais méfiez-vous du cardinal.
Valet : Sa Majesté va vous recevoir.
Ils passent dans la pièce à côté où le roi est assis.
Henry VIII : Gentilshommes, bienvenue dans mon royaume. Je sais que vous parviendrez à négocier un bon traité. Vous pouvez faire entièrement confiance au cardinal Wolsey. Il parle en mon nom, en toutes choses. Quant à moi, j’aimerai inviter l’empereur à venir nous voir, dès que possible. Cette visite ferait le bonheur de moi-même et de ma reine.
Mendoza : Votre Majesté.
Henry s’entraîne au tir.
Henry VIII : Quand vient-il ?
Wolsey : A la fin du mois. Si tôt ?
Henry VIII : S’il a besoin d’alliés contre les français, il veut donc agir vite.
Wolsey : En effet. Les envoyés m’ont confié qu’il va frapper le premier contre l’occupation française en Italie. Il revendique le duché de Milan.
Henry VIII : Ensuite ?
Wolsey : Ensuite, quand il les aura chassés d’Italie avec votre aide, il envahira la France elle-même.
Henry VIII : Préparez nos forces armées pour une invasion commune.
Wolsey : Oui, Votre Majesté.
Henry VIII : Je veux un autre navire de guerre.
Wolsey : Votre Majesté, nous venons de mettre le Victory à l’eau.
Henry VIII : Alors commandez-en un autre. Un plus grand. Nous allons compenser le manque d’hommes par des navires. Nous sommes des insulaires, cardinal. Il n’y a pas meilleurs ni courageux marins. Je veux la meilleure marine.
Wolsey : Les navires coûtent cher.
Henry VIII : Mon père était un homme prudent. Un homme habile. Un homme d’affaires. Il m’a laissé une fortune considérable, Votre Eminence. Je compte bien la dépenser.
Valet : Sir Thomas Boleyn.
Henry VIII : Si Thomas.
Thomas Boleyn : Majesté.
Henry VIII : Venez. Je pense avoir été négligent. Je ne vous ai jamais remercié pour vos efforts diplomatiques.
Thomas Boleyn : Votre Majesté n’a pas à le faire. Je me contente de vous servir au mieux de mes capacités.
Henry VIII : Néanmoins, je veux vous témoigner ma gratitude. Je vous fais Chevalier de l’ordre de la Jarretière. Je vous nomme également contrôleur de la maison royale.
Thomas Boleyn : Je pense que Votre Majesté a une trop haute opinion de mes talents.
Henry VIII : C’est à moi d’en juger. Nous parlerons plus tard. Oh, j’allais oublier. Votre fille. Celle qui a joué dans notre mascarade.
Thomas Boleyn : Anne.
Henry VIII : Oui.
Thomas Boleyn : Elle va faire son entrée à la cour sous peu, comme dame d’honneur de Sa Majesté.
Résidence de la famille Boleyn…
Wyatt, dans un arbre : Me laisseras-tu ainsi ? Dis non, dis non, de honte. Pour t’épargner le pire de ma tristesse et de mon ire, me quitteras-tu tantôt ? Dis non, dis non et me laisseras-tu ainsi ? Sans aucune pitié pour celui qui t’a aimée ? Hélas, quelle cruelle ! Et me laisseras-tu tantôt ? Dis non, dis non. Alors, ça vous plaît ?
Anne, allongée par terre : Devrais-je aimer ce qui m’accuse d’être cruelle ?
Wyatt descend de l’arbre pour la rejoindre.
Wyatt : Vous êtes cruelle, maîtresse Anne.
Anne : Vraiment ? Vous n’avez aucun droit sur moi, maître Wyatt.
Il essaie de l’embrasser mais Anne tourne la tête.
Wyatt : J’ai le même droit que n’importe quel amant à qui le cœur d’une femme a été offert.
Anne : Vous êtes poète, comme je suis femme. Les poètes et les femmes ont toujours le cœur libre, n’est-ce pas ?
Wyatt : Anne…
Il essaie à nouveau de l’embrasser.
Anne : Arrêtez, Tom. C’est mal.
Wyatt : J’avais donc raison. Vous me quittez. Pourquoi ne répondez-vous pas ?
Anne : Vous êtes marié.
Wyatt : Oui. Mais nous sommes séparés. Je vais divorcer. Qui n’est pas marié ?
Anne : Ne cherchez plus à me voir. Vous me le promettez ?
Wyatt : Pourquoi promettre ? Je viens d’apprendre que ça ne vaut rien. Il y en a un autre ? C’est ça ? Vous en aimez un autre ?
Anne : Ne demandez rien sur moi, et si vous tenez à votre vie, ne parlez jamais de moi. Vous avez compris ?
Elle part, laissant Wyatt seul assis par terre.
Wyatt : Vous n’avez donc aucune pitié ?
William Compton boit un verre avec Anthony Kuvert.
Anthony Knivert : Imagine. A quoi va-t-il ressembler, maintenant ?
William Compton : Je parie qu’il a déjà commandé une plus grande braguette.
Anthony Knivert : Oui, Monseigneur. Non, Monseigneur. Permettez-moi de mettre vos pets en bouteille pour vendre ce nectar.
William Compton : Je ne veux plus y penser. Ca me rend malade. Bon, que fait-on ?
Anthony Knivert : Trouvons des femmes.
William Compton : Même si c’était une véritable Vénus, je ne pourrais pas la satisfaire, je suis trop abattu.
Anthony Knivert : Buvons encore, alors.
William Compton : D’accord. A Monseigneur.
Anthony Knivert : A Charles.
William Compton : Monseigneur.
Le roi Henry VIII est à table avec sa femme.
Katherine : Les envoyés sont-ils partis contents ?
Henry VIII : Ils étaient d’excellente humeur. Le traité est adopté.
Katherine : Et mon neveu viendra-t-il ?
Henry VIII : Nous attendons des nouvelles. Wolsey le saura.
Katherine : J’ai fait un rêve. Vous veniez à nouveau à moi, vous me preniez dans vos bras en me murmurant que tout irait bien. Que toutes choses se passeraient bien. Henry. Mon bien-aimé. Mon époux. Vous devez me croire. Je n’ai jamais connu votre frère de cette façon. Il était si jeune. Et si malade. Je n’ai jamais connu d’autre homme, et je ne le veux pas. Je vous aime.
Le roi se lève et embrasse sa femme sur le front, puis s’en va.
Valet : Le roi aimerait que vous veniez dans ses appartements.
Katherine est assise devant la cheminée quand sa fille, Marie, entre.
Katherine : Marie. Ma fille chérie. Avez-vous récité vos prières ?
Marie : Oui.
Chambre d’Henry VIII…
Servante : Messire, (Se mettant nue) cela vous plaît-il ?
Chambre de la reine…
Katherine : Le roi a-t-il dit ou fait savoir qu’il viendrait peut-être me voir ce soir ?
Servante : Non, madame.
Elle se fait coiffer.
Wolsey se fait « masser » par une femme.
Femme : Tu travailles trop.
Wolsey : Je le sais.
Femme : Ca te tuera.
Wolsey : Je le sais aussi. Qui suis-je censé faire ?
Femme : Rester vivant.
Valet : Tu ne viens pas ?
Tallis : Que se passe-t-il ?
Valet : Les nouvelles dames d’honneur de la reine sont arrivées. Viens.
Les dames d’honneur d’ambulent dans les couloirs de la cour.
More est avec le roi henry VIII.
More : « Quel serpent peut être venimeux au point de nommer la sainte Rome ‘Babylone’, l’autorité du pape une ‘tyrannie’, et de faire de notre Saint Père un ‘antéchrist’ ? » C’est très bien. Cinglant, mais très bien.
Henry VIII : Vous êtes sûr ?
More : Vous pourriez envisager d’adoucir légèrement la polémique. Par exemple, l’assimilation de Luther au chiendent. Où est-ce ? Voilà : « Ce mouton décrépi, malade et malintentionné. »
Henry VIII : L’adoucir ?
More : Oui, pour des raisons diplomatiques.
Henry VIII : Non, jamais. Aucun mot n’est assez fort pour condamner Luther ni pour louer Sa Sainteté. Je vais lui en dédier une copie et vous lui apporterez à Rome.
More : Pourquoi moi ?
Henry VIII : Si ce texte est vrai et juste, c’est grâce à vous. Je n’aurais jamais pu écrire quoi que ce soit, Sir Thomas More, sans vos conseils et votre honnêteté infaillible.
More : Pourquoi m’appelez-vous Sir Thomas ?
Henry VIII : Je me dois de vous faire chevalier.
More : C’est bien plus que je ne mérite.
Henry VIII : Ne soyez pas trop modeste, Thomas. Vous n’êtes pas un saint. Vous allez faire autre chose pour moi. Saisissez toutes les copies des écrits de Luther que vous trouverez, et brûlez-les. Brûlez-les toutes.
Bureau du cardinal Wolsey…
Valet, apportant une lettre : De France.
Wolsey : Le roi François a déjà découvert notre rapprochement avec l’empereur. Il se sent trahi, furieux, et il profère des menaces à l’encontre de nos intérêts.
Valet : Qui lui a dit ?
St Paul’s cross, Londres… Comme lui a ordonné le roi Henry VIII, More brûle tous les écrits de Luther qui a trouvé.
Les festivités vont débuter en l’honneur de l’empereur Charles Quint.
Valet : Messeigneurs, mesdames, Son Altesse impériale, Charles, Saint empereur romain, roi d’Aragon, de Valence, de Naples et de Sicile, duc de Bourgogne, archiduc d’Autriche.
Pace : Votre Eminence, un moment.
Wolsey : Ecartez-vous, M. Pace. Ecartez-vous.
Pace : Oui, Eminence.
Valet : Votre Altesse. Votre Majesté.
Charles Quint : Je ne m’attendais pas…
Henry VIII : L’attente est trop pénible. Il fallait que je vienne immédiatement vous accueillir.
Charles Quint : J’en suis très honoré.
Henry VIII : Nous allons danser et festoyer. Demain, vous viendrez voir mes navires. Messieurs. Musique. Il faut fêter ça. Venez.
Wolsey : Faites sortir cet homme.
Le garde fait sortir M. Pace sur demande du cardinal Wolsey.
Pace : Attendez. Non, attendez.
Wolsey rejoint M. Pace.
Wolsey : M. Pace. Vous saviez, bien sûr, que Sa Majesté allait faire cette visite surprise, n’est-ce pas ?
Pace : Oui. Etant son secrétaire, je le savais forcément.
Wolsey : Oui, bien entendu. Et vous saviez aussi, évidemment, que les envoyés étaient venus en secret pour rédiger un traité avec Sa Majesté. Car bien sûr, vous parlez espagnol, n’est-ce pas ? Presque aussi bien que le français.
Pace : Je… Je ne comprends pas, Votre Eminence.
Wolsey : Je pense que vous comprenez parfaitement. Car voyez-vous, je pense que vous espionnez pour moi, mais aussi pour les Français.
Pace : Non. Ce n’est pas vrai.
Wolsey : Vous êtes démis de toutes vos fonctions.
Pace : Non, attendez. Je vous le jure. Je vous jure, sur tout ce qui est saint, que c’est faux. Sa Majesté est chère à mon cœur.
Wolsey : C’est un acte de trahison, de comploter contre Sa Majesté.
Pace : Attendez. Que voulez-vous dire ? Attendez, Eminence. Ne faites pas ça. Vous savez que c’est faux, Votre Eminence. Je vous en supplie. Vous savez que c’est faux. Pitié ! Pitié !
Le roi montre ses navires à l’empereur.
Henry VIII : Voici mon vaisseau amiral, le Mary Rose. C’est le plus grand navire de guerre qui soit. Il déplace 700 tonnes, tire 91 canons, et a un équipage de 400 hommes.
Charles Quint : Je n’ai rien de tel.
Henry VIII : Vous avez une immense armée. Ensemble, nous serons invincibles. Les Français devront capituler.
Charles Quint : Avec vous à mes côtés, il n’y a aucune limite, aucune frontière, ni aucun monde qu’on ne puisse conquérir.
Henry VIII : Je vous aime déjà.
Charles Quint : Hormis le menton, que peut-on ne pas aimer ?
Porte des traîtres, tour de Londres…
Valet : Faites monter le prisonnier.
Pace : Vous devez me croire, je suis innocent. J’ignore pourquoi je suis ici. Je suis innocent ! Non. Je n’ai rien fait de mal.
Le roi accompagne l’empereur voir sa tante, la reine Katherine.
Charles Quint : Vous savez, vous et moi sommes unis par un lien indéfectible. En épousant la sœur de ma mère, vous êtes devenu mon oncle.
Henry VIII : C’est une affinité qui m’enchante et me plaît, mon neveu. Votre Altesse, votre tante vous attend.
Valet : Votre Majesté, Son Altesse impériale, Charles, Saint empereur romain.
Charles Quint : Votre Majesté, je demande votre bénédiction, en tant que votre neveu.
Katherine : Je vous la donne volontiers, mon cher Charles, comme je vous donne mon amour. Votre Altesse, permettez-moi de vous présenter ma fille Marie, votre promise.
Charles Quint : Bravo ! Venez. Nous devons attendre, pour nous marier. Pensez-vous avoir assez de patience ?
Marie : J’ai un cadeau pour Votre Altesse. Voulez-vous le voir ?
Charles Quint : J’adore les cadeaux. Montrez-le-moi.
Marie : Là. Regardez.
Charles Quint : Ils sont pour moi ?
Marie : Vous plaisent-ils ?
Charles Quint : Je n’ai jamais eu de plus beaux cadeaux. Merci, Votre Altesse.
Le roi et l’empereur assistent aux festivités en l’honneur de ce dernier.
Charles Quint : Dès que possible, venez tous les deux me rendre visite. Je veux vous montrer en particulier les trésors de Montezuma, le roi des Aztèques que le général Cortés a récemment découvert au Mexique.
Henry VIII : Cela nous plairait beaucoup.
Katherine : Oui.
Henry VIII : Nous avons entendu parler des terres lointaines qu’on appelle les Indes.
Charles Quint : Je vous assure que c’est là qu’est notre futur. Il y a tant de terres qui n’ont pas été découvertes. Elles sont riches en or, en argent, en minéraux et en sels.
Anne Boleyn : Madame.
Henry VIII : Ma bien-aimée.
Thomas Boleyn, à Anne : Mets-toi sur son chemin.
Henry VIII : Comment avancent vos préparatifs ?
Charles Quint : Nous recrutons d’autres mercenaires allemands. Mais tout ce passe bien. Je prendrai Milan au printemps.
Henry VIII : Et ensuite ?
Charles Quint : Ensuite, ensemble, nous envahirons la France et mettrons fin aux aventures de ce monarque libertin, le roi François.
Henry VIII : Cela fera de moi un homme heureux.
Charles Quint : Cela fera aussi de vous le roi de France.
Henry VIII : Oui.
Charles Quint : Dansez-vous, Votre Altesse ? Avec la permission de Sa Majesté.
Henry VIII : Accordée.
La princesse Marie se lève pour aller danser avec l’empereur, Charles Quint. Margaret invite Henry VIII à danser.
Henry VIII : Excusez-moi.
Margaret : Le roi du Portugal, j’ai appris qu’il avait également la goutte. On dit que sa colonne vertébrale est déformée. Il marche en crabe. Promettez-moi une chose. Je consens à l’épouser à une condition. A sa mort, qui ne saurait tarder, j’épouserai qui je voudrai. C’est d’accord ?
Anthony Knivert : Tu ne bois pas, Charles, ou plutôt, Monseigneur ?
William Compton : Tu ferais mieux de l’appeler par son vrai nom, c’est-à-dire salaud ou scélérat.
Charles : Pourquoi ?
Anthony Knivert : On était censés être amis, Charles.
Charles : Et on ne l’est plus ?
William Compton : Pas si tu ne nous aides pas. Tu as le pouvoir de demander au roi de nous offrir des titres, ou au moins des terres.
Anthony Knivert : Tout ce que le roi peut offrir, il te l’a déjà offert à toi.
Charles : Jaloux ?
William Compton : Naturellement. Si tu t’élèves, nous devrions nous élever aussi.
Anthony Knivert : Alors, que peut-on faire pour vous, Monseigneur ?
Charles : Faire preuve de respect.
Katherine et Charles Quint décident de discuter un peu.
Katherine : Je suis si heureuse de vous voir. Je me sens souvent seule, ici.
Charles Quint : Seule ?
Katherine : Les choses vont mal entre nous, entre Sa Majesté et moi.
Charles Quint : Mais j’ai vu de mes propres yeux à quel point il est attentif, avec vous. Il vous regarde avec tant de dévouement, semble-t-il, avec tant d’amour.
Katherine : Il le fait pour vous, je le crains. Henry est un bon dissimulateur.
Henry VIII : Je ne veux plus entendre ça.
Le roi se retrouve nez à nez avec Anne Boleyn, pour qui il craque, visiblement.
Henry VIII : Lady Anne.
Anne : Oui, Votre Majesté.
Katherine : Je pense parfois qu’il va demander le divorce.
Charles Quint : Le divorce ? Non. C’est impossible.
Katherine : Vraiment ?
Henry VIII : Pardonnez-moi.
Le roi Henry VIII court après Anne Boleyn.
Henry VIII : Anne.
Anne : Non. Pas comme ça.
Henry VIII : Comment ?
Anne : Séduisez-moi. Ecrivez-moi des lettres. Et des poèmes. J’adore les poèmes. Ravissez-moi avec vos mots. Séduisez-moi.
Elle ferme la porte, puis il la rouvre et la découvre nue. Henry VIII se réveille brusquement.
Valet : Majesté ?
Henry VIII : Ce n’est rien. Elle est partie.
Wolsey apporte au roi et à l’empereur le traité.
Wolsey : Vos Majestés vont signer ce traité d’amitié et d’entente perpétuelle, et vont confirmer de leur sceau et devant témoins les fiançailles de Charles, Saint empereur romain, avec Son Altesse la princesse Marie, quand elle atteindra l’âge de 12 ans. Encore une fois, en ma qualité de légat pontifical et de chancelier d’Angleterre, je vous conseille de signer ce traité d’amitié sans jamais l’abroger, avec l’aide de Dieu.
Ils signent et toute la cour applaudit.
Charles Quint, à Katherine : Je vous prête serment d’allégeance. Vous pourrez toujours vous en remettre à moi. Toujours.
Henry VIII, à Wolsey : Où est M. Pace ? Il aurait dû être présent.
Wolsey : Votre Majesté, j’ai découvert, avec effroi, que M. Pace n’était pas digne de votre confiance. Je l’ai démis de ses fonctions.
Henry VIII : Vous êtes sûr ?
Wolsey : Les Français lui versaient une pension.
Henry VIII : Je vois. Vous me trouverez un remplaçant.
Duc de Norfolk : Alors, comment avancent nos affaires ?
Thomas Boleyn : Très bien, Monseigneur. Le roi ne montre pas son intérêt ouvertement. Mais on peut le détecter à sa façon de la regarder, comme si, dans son esprit, il la voyait nue.
Duc de Norfolk : Il regarde la plupart des jeunes femmes ainsi. Mais c’est un début. Le début de la fin, pour cet infâme prélat.
Thomas Boleyn : Chaque chose en son temps. Les évènements s’enchaîneront. Ce pourrait être une bonne idée d’inclure le duc de Suffolk dans nos plans.
Duc de Norfolk : Charles Brandon ? C’est tout juste un gentilhomme.
Thomas Boleyn : C’est le meilleur ami du roi. Et je crois qu’il hait Wolsey autant que nous. Ce serait un allié naturel, au moins pendant un temps.
Tournoi de joute…
Anthony Knivert : A l’attaque ! Deux pour M. Anthony Knivert.
M. Heys rend visite au roi.
Henry VIII : M. Heys, avez-vous les pièces que j’ai demandées ?
Heys : Oui, Votre Majesté. Sur la première, des rubis cerclés d’or. Sur la seconde, une pierre précieuse sur un lit d’or et de perles. Pour la troisième, des pendentifs de perles, avec de l’or, du violet, et l’épure d’une tête de lion. Enfin, des plumes d’argent, d’or et d’ambre. Des bijoux dignes d’une reine, Votre Majesté.
M. Pace est dans sa cellule où il s’éclaire avec une bougie. Des rats sortent de sous la paille de la cellule.
Pace : C’était Wolsey ! Pas moi ! Ecoutez-moi ! C’est Wolsey que les Français paient. Pas moi. Ecoutez-moi. Je n’ai rien fait. Je suis innocent. C’était Wolsey. Demandez-lui ! C’était Wolsey !
FIN