Palais Ducal en Italie, un homme arrive en calèche. Deux hommes le reçoivent.
Signore bedoli : M. l’ambassadeur.
Ambassadeur : Voilà qui est fort humiliant, Signore Bedoli. Qu’y-a-t-il de si important pour me tirer du mit avant 7h du matin ?
Signore Bedoli : Le Duc souhaite votre présence à une réunion.
Homme : Monsieur.
Homme 2 : C’est de cela que Sa Majesté veut vous parler.
L’ambassadeur déambule dans un couloir du Palais quand il est attaqué et poignardé.
Whitehall Palace à Londres, un cavalier arrive.
Homme : M. Pace.
Homme 2 : M. More. Sa Majesté souhaite que le conseil soit bref. Il ne veut pas trop de discours.
M. More : Où est le roi ?
M. Pace : Il s’est retiré et ne souhaite pas être dérangé.
M. More : Comment va-t-il ?
M. Pace : A quel sujet ?
M. More : Au sujet de la présence des français en Italie. A votre avis ?
M. Pace : Sa Majesté préconise la patience.
M. More : Vous êtes son secrétaire, vous le voyez tous les jours.
M. Pace : Sachez qu’il est malade de chagrin, pratiquement inconsolable. N’oubliez pas que c’est son oncle qui a été assassiné.
Le roi arrive au conseil.
Lord : Le roi !
Il va s’asseoir.
Roi Henry VIII: Messires. Nous devons régler un problème important. Le roi de France à démontré l’agressivité de sa politique. Il a déjà envahi 5 ou 6 villes d’Italie. C’est une menace face aux nations chrétiennes. Il a dupé le pape qui l’a déclaré défenseur de la foi. De plus, afin de prouver que personne ne peut l’atteindre, il a convoqué notre ambassadeur à Urbino, qui était aussi mon oncle, et l’a fait assassiner de sang-froid. Messires, d’après moi, cela nous donne de bonnes raisons de déclarer la guerre.
Buckingham : Votre majesté n’a pas tort. Vous avez toutes les raisons d’entrer en guerre. Je vous avais prévenu il y a un an, mais il a fallu un drame pour que Votre Majesté m’écoute.
Roi Henry VIII : Norfolk.
Duc Norfolk : Je suis d’accord avec Lord Buckingham. Le roi d’Angleterre a un droit historique au trône français que les Valois ont usurpé. Nous devrions les mettre dehors. Nous devons attaquer avec toute notre puissance.
Roi Henry VIII : Qu’en dites-vous, Wolsey ?
Cardinal Wolsey : Je suis d’accord avec Votre Majesté. Ce sont en effet de bonnes raisons.
Roi Henry VIII, en se levant : Parfait. Alors, c’est décidé. Nous sommes en guerre avec la France.
Tous : Oui.
Roi Henry VIII : Son Eminence prendra les dispositions nécessaires. A présent… je vais me divertir.
Le roi sort et tout le monde le salue et applaudit.
M. More : Pensez-vous que nous devons entrer en guerre ?
Cardinal Wolsey : Nous devons faire ce que le roi exige.
M. More : Et si le roi ignorait ce qui était le mieux ?
Cardinal Wolsey : Alors nous l’aiderions à prendre une décision.
Le roi Henry VIII est dans sa chambre avec une femme… 3 hommes sont à la porte…
Roi Henry VIII : Comment va votre époux ?
Lady Elizabeth Blount : Mon époux est terriblement jaloux. Il menace de faire éclater un scandale. Il m’a dit qu’il m’enverrait dans un couvent.
Hampton Court, Surrey. Le cardinal Wolsey est dans son bureau.
Homme : Son Excellence, l’ambassadeur de France et Monseigneur Bonnivet.
Cardinal Wolsey : Bienvenue, Messieurs. Que s’est-il passé à Urbino ? L’assassinat de notre ambassadeur est extrêmement regrettable, tout particulièrement à mes yeux. Votre Excellence connaît mes sentiments pour votre pays. J’ai toujours soutenu les intérêts de la France. Comment expliquez-vous l’assassinat de l’oncle du roi ?
Ambassadeur de France : Cela n’a pas été ordonné par mon Maître. Et les coupables de ce crime ont été punis.
Cardinal Wolsey : Comprenez bien que nous avons dépassé ce stade. Le roi Henry est jeune, il a un désir de guerre. Après ce qui s’est passé, il ne sera pas aisé de le faire changer d’avis.
Ambassadeur de France : Très bien, dans ce cas, déclarons la guerre.
Cardinal Wolsey : Sauf votre respect, vous ne pouvez penser cela.
Monseigneur Bonnivet : Je crois que nous devrions tout faire pour éviter la guerre entre nos deux pays. Ce ne serait pas bon pour l’Angleterre de se mêler de nos escarmouches. Elle est bien au-dessus de tout cela. Je suis certain que Votre Eminence saurait apaiser le jeune lion.
Le roi Henry VIII joue au tennis.
Roi : Bien frappé. On continue.
Voix : 15-0. 30-0.
Charles : Balle de jeu, Anthony.
Anthony : Sa Majesté sait qu’on la laisse gagner. Personnellement, j’ai joué de mon mieux.
Charles : Voilà une dame que j’aimerais connaître. Celle à la robe bleue. Vous avez vu ce visage virginal ?
Roi Henry VIII : Qui est-elle ?
Charles : C’est la fille de Buckingham.
Roi Henry VIII : 100 couronnes que vous échouez.
Charles : Pari tenu.
Henry VIII déjeune avec sa femme.
Roi Henry VIII : Comment va notre fille ?
Katherine d’Aragon : Elle va bien. Ses professeurs disent qu’elle a de grands talents. En particulier en musique. Vous devriez être fier.
Roi Henry VIII : Je le suis, vous le savez bien, Katherine. Marie est la prunelle de mes yeux.
Katherine : Vous n’avez pas répondu aux lettres de mon neveu.
Roi Henry VIII : C’est peut-être le roi d’Espagne, mais j’ai mieux à faire.
Katherine : Il vous a conseillé de signer un traité avec l’empereur pour reconnaître la France comme un ennemi commun. Il vous conseille également de ne pas écouter tout ce que Wolsey vous dit parce qu’il est très influencé par les français.
Roi Henry VIII : Depuis quand êtes-vous diplomate ?
Katherine : Je suis la fille de mon père.
Roi Henry VIII : Vous êtes ma femme. Vous n’êtes ni mon ministre, ni mon chancelier, mais ma femme.
Katherine : J’souhaiterais être votre femme à bien des égards. Henry, vous ne visitez plus ma couche comme auparavant.
Roi Henry VIII : Mangez donc.
Le roi est de nouveau dans sa chambre.
Roi Henry VIII : Ma robe de chambre.
Il sort de sa chambre et se dirige vers une autre chambre.
Servante : Votre Majesté.
Roi Henry VIII : Où est la reine Katherine ?
Servante : Sa Majesté est toujours à la prière, Votre Majesté.
Roi Henry VIII : Dites à Sa Majesté que je suis venu lui apporter l’amour et l’attention d’un vrai époux.
Servante : Oui, Votre Majesté.
Il sort de la chambre pendant que la Reine Katherine prie. La servante entre dans la chambre du roi.
Roi Henry VIII : Jane.
Jane : Votre Majesté.
Roi Henry VIII : Vous êtes consentante ?
Jane : Oui, Votre Majesté.
Le roi et sa femme assiste à un tournoi de joute.
Voix : 3 points au Comte de Portland. M. Charles Brandon est entré dans la compétition.
Charles : Vos Majestés. Chère Mademoiselle Buckingham, me feriez-vous l’honneur de me laisser porter vos faveurs ?
Elle noue un ruban autour de la lance de Charles, puis retourne s’asseoir.
Voix : Lord Hallam le défie à plaisance. 2 points pour M. Charles Brandon. Son Excellence le Duc de Buckingham va jouter à plaisance contre le Comte de Newcastle. Encore 3 points pour Son Excellence.
Au bureau du Cardinal Wolsey…
Ambassadeur de France : Votre Eminence a-t-elle un plan ? Une idée pour éviter cette guerre.
Cardinal Wolsey : Voici les grandes lignes du nouveau traité de paix réunissant les Anglais et les Français.
Ambassadeur : Puis-je ?
Cardinal Wolsey : Non. Vous allez l’emmener et le lire avec beaucoup d’attention. Je crois que c’est une nouveauté dans le monde diplomatique. Si votre roi l’accepte, il pourra signer sans arrière-pensée. Il pourra même se réjouir, tout comme mon Maître. Nous pourrons tous nous réjouir.
Ambassadeur : Et dans ce cas, que désire Votre Eminence en retour ?
Cardinal Wolsey : Rien du tout.
Ambassadeur : Rien du tout ?
Cardinal Wolsey : Rien qui ne vienne de nous. Ce que je souhaite, Votre Excellence, seul vous pouvez me l’accorder.
Au tournoi de joute…
Voix : Le Duc de Buckingham est à nouveau en compétition.
: Il a déjà gagné 10 combats, qu’essaie-t-il de prouver ?
William Compton : Je vais combattre.
Charles : Laissez-moi faire. J’ai très envie de nuire à sa réputation.
Voix : Messires, le roi entre en compétition. Sa Majesté exige que ce défi se déroule à la guerre.
William : Et c’est reparti.
Charles : Qu’on le veuille ou non, Buckingham n’est pas le roi.
William : Toute la cour n’est pas aussi loyale que vous.
Roi Henry VIII : Ma très chère.
Voix : Sa Majesté remporte la victoire.
Le roi rend visite à M. More.
Henry VIII : Thomas.
Thomas More : Votre Majesté. Voici ma famille. Voici ma femme, Alice. Alice, embrassez donc le roi.
Henry VIII : Ma chère Alice.
Alice : Votre Majesté.
Henry VIII : Marchons le long de la rivière, j’ai envie de me promener. Pourquoi ne pas vivre à la cour ?
Thomas : Vous le savez pertinemment. Ca ne me convient pas. Mes pratiques légales et ma vie sont ici. La cour appartient aux hommes ambitieux.
Henry VIII : Vous ne vous êtes pas exprimé au conseil.
Thomas : A quel sujet ?
Henry VIII : La guerre contre la France.
Thomas : En tant qu’humaniste, j’ai horreur de la guerre. C’est une activité réservée aux animaux, mais aucun d’eux ne la pratique aussi fréquemment que l’homme.
Henry VIII : En tant qu’humaniste, je l’admets. En tant que roi, je désapprouve.
Thomas : On dirait un avocat.
Henry VIII : Vous m’avez tout appris.
Thomas : Pas suffisamment.
Henry VIII : Vous avez terminé ?
Thomas : Oui. Henry, Henry. Je dois vous dire qu’au lieu de dépenser tant d’argent dans une guerre, vous devriez le dépenser pour le bien de vos sujets.
Henry VIII : Thomas, je vous jure que je souhaite gouverner justement. Mais dites-moi pourquoi se souvient-on d’Henry V ? Parce qu’il a financé les Universités, aidé les démunis ? Non, on se souvient de lui parce qu’il a remporté la bataille d’Azincourt. 3 000 Anglais contre 60 000 Français. La fleur de la chevalerie française a été anéantie en 4h. Cette victoire l’a rendu célèbre. Ca l’a même rendu immortel.
A la cour…
Duc de Buckingham : Il n’a pas doit à tout cela. Son père s’est emparé de la couronne à la guerre. Tout ça grâce à un bâtard du côté de sa mère.
Duc de Norfolk : La famille de Votre excellence est plus ancienne.
Duc de Buckingham : Je suis le descendant d’Edward II. Ceci est ma couronne, ma cour. Cela ne lui revient pas.
Duc de Norfolk : Vous parlez de trahison.
Duc de Buckingham : Non, de vérité. Et un jour, nous rétablirons la vérité. (Le Duc de Buckingham marche dans les couloirs de la cour. Il entre dans une chambre où il entend gémir) Qu’est-ce que c’est ? Brandon.
Charles : C’est bien ce que vous croyez.
Duc de Buckingham : Vous aviez violé ma fille.
Charles : Non, elle m’a supplié.
Duc de Buckingham : Vous avez volé son honneur.
Charles : Je vous jure qu’on était passé avant moi.
Duc de Buckingham : Espèce de sale porc.
Charles : Oui, c’est vrai, Votre Excellence.
Duc de Buckingham : Je devrais vous tuer. Sortez d’ici.
Charles sort de la chambre, laissant le Duc avec sa fille. Il l’a gifle.
Bureau du cardinal Wolsey…
Homme : Votre Eminence, Lady Blount est ici.
Cardinal Wolsey : Faites-la entrer.
Lady Blount : Votre Eminence.
Cardinal Wolsey : Que puis-je pour vous, Lady Blount ?
Lady Blount : J’attends un enfant, Votre Eminence.
Cardinal Wolsey : Oui ?
Lady Blount : C’est l’enfant de Sa Majesté.
Cardinal Wolsey : Vous en êtes sûre ?
Lady Blount : Oui.
Cardinal Wolsey : En avez-vous parlé au roi ?
Lady Blount : Non.
Cardinal Wolsey : Bien. J’en informerai moi-même Sa Majesté en temps voulu. Vous n’en parlerez à personne sous peine de mort, c’est bien compris ? Lorsque vous ne pourrez plus cacher votre état, vous serez transférée dans un lieu secret pour votre accouchement. Vous pourrez alors donner naissance à ce bâtard.
Lady Blount : Merci, Votre Eminence.
Elle part et le cardinal continue d’écrire.
Le cardinal arrive à la cour assis sur un âne.
Voix : Pouvez-vous bénir mon enfant malade ?
Homme : Messires et maîtres, faites place à Son Excellence. Reculez. Eloignez-vous.
M. Pace : Votre Eminence.
Cardinal Wolsey : M. Pace. Vous gardez un œil sur mes intérêts ?
M. Pace : Bien sûr, je suis tel l’aigle.
Cardinal : Un aigle, M. Pace ? Vous volez trop haut, soyez un pigeon et déféquez partout.
M. Pace : Bien.
Cardinal : Où est le roi ?
M. Pace : Il est parti chasser.
Cardinal : Tant mieux, il sera de bonne humeur. Informez-moi de son retour.
M. Pace : Bien, Votre Eminence. (Le cardinal s’éloigne) Qui êtes-vous ? Et que voulez-vous ?
Homme : Monsieur, j’ai là des lettres de recommandations.
M. Pace : Elles proviennent du doyen de Canterbury.
Homme : Oui, monsieur.
M. Pace : Vous auriez dû vous présenter.
Pendant que le roi fait du cheval, M. Pace apporte la lettre au chef d’orchestre de la choral.
Chef d’orchestre : Thomas Tallis ?
Thomas Tallis : Oui, monsieur.
Chef d’orchestre : il est écrit que vous savez jouer de l’orgue et de la flûte, et que vous savez chanter plus que convenablement. Autre chose à ajouter ?
Thomas Tallis : Oui, monsieur, je compose quelque peu.
Chef d’orchestre : Ah vraiment ? Eh bien, si le doyen recommande vos talents, nous allons devoir vous mettre à l’épreuve.
Le roi rentre de la chasse. Le Cardinal Wolsey et Thomas More l’attendent.
Roi Henry VIII : Thomas.
Cardinal Wolsey : Votre Majesté s’est détendue à la chasse ?
Roi Henry VIII : Comment se passent les préparatifs ?
Cardinal Wolsey : Bien. Votre armée et votre flotte se mettent en place, les provisions sont rassemblées. Vous pourriez partir en guerre dans quelques semaines.
Roi Henry VIII : Parfait, je savais que je pouvais compter sur vous.
Cardinal : Je vous remercie, Votre Majesté.
Henry VIII : Qu’y-a-t-il ?
Cardinal : Votre Majesté, les guerres coûtent très cher. Il va falloir augmenter les impôts, ce n’est pas une mesure toujours très populaire. Votre Majesté ne pourrait-elle gagner le prestige par d’autres moyens ?
Henry VIII : D’autres moyens ?
Cardinal : Des moyens pacifiques.
Henry VIII : Comment cela ? En renonçant aux combats ? A la gloire ?
Thomas More : Je crois que Votre Majesté devrait écouter ses conseils.
Cardinal : Ces dernières semaines, j’ai dirigé en votre nom, un grand nombre de discussions diplomatiques. Pas uniquement avec la France, mais aussi avec des représentants de l’Empereur, des émissaires du Danemark, du Portugal, d’Italie…
Henry VIII : Pour quelle raison ?
Cardinal : Conclure un traité.
Henry VIII : Quel genre de traité ?
Cardinal : Un traité de paix universelle et perpétuelle.
Henry VIII : Comment voulez-vous procéder ?
Cardinal : En plusieurs étapes. Il y aurait une réunion au sommet entre le roi de France et d’Angleterre. La fille de Votre Majesté serait promise au dauphin de France. A la fin du sommet, vous signeriez le traité.
Thomas More : Le traité est chose nouvelle dans l’histoire de l’Europe. Il engage tous les signataires au principe de sécurité collective et de maintien de la paix.
Henry VIII : Comment l’appliquer ?
Cardinal : Si l’un des pays signataires se faisait attaquer, tous les autres exigeraient le retrait de l’agresseur. S’il refusait, au bout d’un mois ces pays entreraient en guerre jusqu’à ce que la paix revienne.
Thomas More : Ce traité prévoit en outre la création d’institutions paneuropéennes.
Henry VIII : Ca me plaît, d’une certaine façon. Je dois bien le reconnaître. Et vous aussi, Thomas.
Thomas More : Tout à fait.
Henry VIII : C’est l’application des principes humanistes aux affaires étrangères. Je dois féliciter Votre Eminence.
Cardinal : Je ne cherche pas les louanges. Vous seriez connu comme le précurseur d’un monde moderne. Ceci serait suffisamment gratifiant.
Henry VIII : Soyez toujours assuré de notre affection. Bonne nuit, messieurs. Qu’y-a-t-il ?
Valet : Votre Majesté, le Duc de Buckingham insiste pour vous voir.
Henry VIII : Votre Excellence.
Duc de Buckingham : Votre majesté doit savoir que j’ai surpris Charles Brandon en flagrant délit avec ma fille. M. Brandon a couvert ma famille de honte. Je vous demande de le bannir de la cour et d’appliquer le châtiment qu’il vous plaira.
Henry VIII : Il n’y aura aucun châtiment. A moins que votre fille l’accuse de viol. Est-ce ce qu’elle dit ? Votre fille prétend-elle avoir été violée ?
Duc de Buckingham : C’est inutile, il voulait s’en prendre à moi.
Henry VIII : Je pense qu’il n’y a rien de préjudiciable, et qu’aucun châtiment n’est nécessaire.
Duc de Buckingham : Votre Majesté.
Henry VIII : Votre Excellence.
Le duc de Buckingham prend congé.
Thomas More : Méfiez-vous de Buckingham, Henry. Il est peut-être idiot, mais il est plus riche que vous. Il a une armée privée. Même cotre père ne s’est pas opposé à lui.
Dans les couloirs de la cour…
Cardinal Wolsey : Je suis heureux que le roi de France ait accepté de signer le traité et de tenir le sommet.
Autre Cardinal : Sa Majesté est ravie d’éviter la guerre. Nous le sommes tous.
Cardinal Wolsey : Et à propos de notre autre affaire.
Autre cardinal : Quelle autre affaire, Votre Eminence ?
Le cardinal Wolsey agrippe l’autre cardinal et le plaque au mur.
Cardinal Wolsey : J’ai sauvé les fesses de votre maître, j’attends ma récompense. Et vous pouvez vous arranger. Est-ce compris ?
Dans une chambre…
Charles : Ma pauvre petite. Où en étions-nous avant d’être brusquement interrompus ?
Fille de Buckingham : Charles. Nous ne devrions pas. Mon père vous tuera.
Charles : Alors, je mourrai heureux.
Chez M. More…
Thomas More : Avez-vous terminé votre lecture ?
Enfants : Oui, père.
Thomas More : Très bien. Que Dieu et ses anges veillent sur vous cette nuit et pour l’éternité. Bonne nuit. Bonne nuit, mes enfants.
Femme de Thomas : Ne touche pas.
Thomas More prie dans sa chambre.
Le roi Henry VIII se fait raser.
Valet : La lettre au roi François, Votre majesté ?
Henry VIII : Mon cher cousin royal… Non. Notez mon très cher cousin. Nous vous envoyons notre amour. Nous vous aimons tant qu’il serait impossible d’aimer plus. Prenez les dispositions nécessaires pour que nous nous rencontrions. Rien n’est plus cher à mon cœur que ce traité de paix universel, à présent. En gage de ma bonne volonté, de mon engagement face à ce traité et de mon amour pour Votre Majesté, j’ai décidé… J’ai décidé…
Valet : Oui, Votre Majesté ?
Henry VIII : J’ai décidé de ne plus me raser jusqu’à notre rencontre. Ma barbe sera le gage de cette amitié universelle, et de l’amour que nous partageons.
Bureau du Cardinal Wolsey…
Autre cardinal : Votre Eminence.
Cardinal Wolsey : Votre Excellence.
Autre cardinal : J’ai des nouvelles pour Votre Eminence. Sa sainteté, le pape Alexandre est très malade. Il sera sûrement très vite rappelé à Dieu. Etant donné la grande piété de Votre Eminence, ainsi que vos connaissances et compétences diplomatiques, j’assure à votre Eminence, le soutien des cardinaux français au conclave afin d’élire un successeur. Grâce au vote de vos cardinaux et s’il plaît à Dieu, vous serez le prochain pape, évêque de Rome. Notre nouveau Saint-Père.
Cardinal Wolsey : Merci, Votre Excellence. Je vous en suis extrêmement reconnaissant.
La reine Katherine se fait aider pour se déshabiller.
Katherine : Etes-vous souffrante, Lady Blount ?
Lady Blount : Non, Votre Majesté.
Katherine : Restez un instant. Merci. Bonne nuit. Je n’ai pas parlé à quiconque depuis longtemps. Le cardinal Wolsey a renvoyé mes confesseurs espagnols et mes dames de compagnie de peur qu’elles espionnent la cour. Je ne fais pas confiance aux confesseurs anglais. Mais je peux me fier à vous, n’est-ce pas, Lady Blount ?
Lady Blount : Oui, madame.
Katherine : Pourquoi suis-je triste ? C’est parce que je… Je n’arrive pas à donner un fils au roi. J’ai déjà donné naissance à un petit garçon. Un très beau garçon. Mais il est mort dans mes bras après 4 semaines seulement. Le roi m’en veut, je le sais, il croit que c’est de ma faute. Il ignore à quel point je souffre, combien je prie.
Le roi se confesse.
Henry VIII : J’ai repensé à mon frère dernièrement. Arthur. A sa mort, il a été décidé que j’épouse Katherine. J’imagine que mon père ne voulait pas perdre sa dot ou le prestige d’un mariage espagnol. Quoi qu’il en soit, Katherine a juré que le mariage n’avait pas été consommé. C’est pour cela que le pape a donné sa bénédiction. C’est pour cela que je l’ai épousée. Depuis ce moment-là, nous avons 5 enfants mort-nés. Un garçon, qui a vécu 26 jours seulement. Et une seule fille a survécu. Et si le mariage avec mon frère avait été consommé ?
Prêtre : Elle a juré devant Dieu que ce n’était pas le cas.
Henry VIII : Que disent les évangiles ?
Prêtre : Si un homme épouse la femme de son frère.
Henry VIII : Dites-le-moi.
Prêtre : Dans le lévitique, il est écrit : « Si un homme prend la femme de son frère, ils seront sans enfant. » Mais vous avez eu un enfant.
Henry VIII : Mais pas un fils. Je n’ai pas de fils.
Chambre de Buckingham…
Valet : Sir Thomas Boleyn, Votre Excellence.
Duc de Buckingham : J’espère que vous n’avez pas trouvé l’invitation présomptueuse. Vous avez été rappelé de France.
Thomas Boleyn : Je suis ici pour peu de temps.
Duc de Buckingham : Entrez donc. On m’a dit que vous étiez un bon ambassadeur.
Thomas Boleyn : Voilà qui est aimable de la part de ces gens.
Buckingham : Vous venez d’une ancienne famille.
Thomas Boleyn : Pas aussi ancienne et noble que la vôtre.
Buckingham : Le roi a choisi de s’entourer de roturiers. Des hommes sans nobles origines. Vous croyez que cela relève le prestige de la couronne ?
Thomas Boleyn : Votre Excellence…
Buckingham : Son père a hérité de la couronne par la force.
Thomas Boleyn : Votre Excellence, personne ne souhaite retourner au temps de la guerre civile. Ce qui est fait est fait. Le roi est notre roi.
Buckingham : Le roi est notre roi. Et Wolsey ? Un homme du clergé avec une maîtresse et deux enfants ? Que pensez-vous de cet homme ?
Thomas Boleyn : Je ne l’apprécie guère.
Buckingham ouvre la porte.
Buckingham : Nous nous reverrons.
Thomas Boleyn part et Buckingham referme la porte.
Thomas Boleyn joue aux échecs avec le roi Henry VIII.
Henry VIII : Parlez-moi du roi François, Sir Thomas.
Thomas Boleyn : Il a 23 ans.
Henry VIII : Est-il grand ?
Thomas Boleyn : En effet. Mais pas très bien proportionné.
Henry VIII : Qu’en est-il de ses jambes ? Ses mollets sont-ils aussi fermes que les miens ?
Thomas Boleyn : Votre Majesté, personne n’a de mollets tels que les vôtres.
Henry VIII : Est-il bel homme ?
Thomas Boleyn : Certains le pensent. C’est du moins ce qu’il pense.
Henry VIII : Est-il vaniteux ?
Thomas Boleyn : Votre Majesté, il est Français.
Henry VIII : Parlez-moi de sa cour.
Thomas Boleyn : Elle est réputée pour ses mœurs légères et la débauche, et le roi ne fait rien pour dissiper les rumeurs.
Henry VIII : Vous avez deux filles, Sir Thomas. Comment les protégez-vous ?
Thomas Boleyn : Je garde un œil sur elles. Et je me fie à leurs qualités et à leur moralité.
Henry VIII : Vous allez retourner à Paris immédiatement. Je vous confie les négociations diplomatiques en vue du sommet. Echec et mat.
Le roi vient voir sa fille.
Hommes : Votre Majesté. Votre Majesté.
Henry VIII : Marie !
Marie : Papa.
Henry VIII : Comme tu es belle. Tu es la plus belle au monde.
Marie : Je ne sais pas.
Henry VIII : Mais si, voyons. Comment vas-tu ?
Marie : Bien.
Henry VIII : Bien ? Papa est très occupé. Sois sage et fais tout ce qu’on te dit.
Le roi s’éloigne.
Katherine : Puis-je vous parler ?
Henry VIII : Continuez sans moi. Ma très chère.
Ils entrent dans la chambre de Katherine.
Servantes : Votre Majesté.
Katherine : Cela ne me plaît pas.
Henry VIII : De quoi parlez-vous ?
Katherine : De votre barbe. Ni ce qu’elle représente.
Henry VIII : Katherine.
Katherine : Vous offrez ma fille au dauphin de France sans même me consulter. Les Valois sont les ennemis jurés de ma famille.
Henry VIII : C’est moi qui décide ce qui est bien pour elle. C’est un bon mariage.
Katherine : Je suis certaine que c’est l’idée de Wolsey. Même si j’aime profondément Votre Majesté et que je vous suis loyale à bien des égards, je ne puis cacher mon désarroi et mon chagrin.
Henry VIII : Eh bien, il va le falloir.
Il sort de la chambre, laissant Katherine à genoux.
Paris, France.
Homme : Bonjour, monsieur l’ambassadeur. Y a des messages pour vous. Et demain vous avez une audience avec le roi.
Thomas Boleyn : Où sont mes filles ? J’ai de bonnes nouvelles. Il va y avoir un sommet entre François I et Henry VIII près de Calais, je vais m’en occuper. Vous aurez la chance de rencontrer le roi d’Angleterre. Marie et Anne Boleyn. Buvons à votre avenir.
Le roi s’habille dans sa chambre.
Valet : Son Eminence le cardinal Wolsey.
Henry VIII : J’ai besoin de votre avis. Ce vêtement vous plaît-il ?
Cardinal Wolsey : Je trouve qu’il vous sied à merveille. Si je puis me permettre, je vous conseillerais de porter ceci avec.
Henry VIII : Vous pensez que François I est aussi raffiné ?
Cardinal Wolsey : Seulement s’il vous les vole.
Henry VIII : Venez avec moi. Déjeunons ensemble, nous pourrons discuter.
Le roi trempe ses mains dans l’eau, puis Buckingham s’apprête à partir.
Cardinal Wolsey : Attendez.
Il revient faire face au cardinal Wolsey. Le cardinal va pour se tremper les mains mais Buckingham lui renverse volontairement l’eau sur les pieds.
Henry VIII : Son excellence va s’excuser. Je vous demande de présenter vos excuses.
Buckingham : Je suis navré d’avoir offensé Votre Majesté.
Henry VIII : Son excellence peut disposer. Allez chercher une paire de chaussures pour le chancelier.
Buckingham : Hopkins ! Hopkins !
Thomas Howard : Votre excellence.
Buckingham : Il est temps.
Le roi mange avec le cardinal Wolsey.
Henry VIII : Parlez-moi.
Cardinal Wolsey : Eh bien tout est prêt pour le sommet. Cela aura lieu au Pas-de-Calais sur le territoire anglais, dans une vallée connue sous le nom de Val d’Or. Un millier d’ouvriers ont construit un palais pour Votre Majesté. On l’appelle le palais de cristal. On dit que c’est la 8ème merveille du monde.
Buckingham : Achetez de la toile d’or et d’argent pour soudoyer les gardes.
Valet : Bien, Votre Excellence.
Buckingham : Ensuite, vous ferez ce que nous avons décidé. Faites courir le bruit que nous cherchons à nous défendre.
Valet : Entendu.
Cardinal Wolsey : Lady Blount attend un enfant.
Henry VIII : Lady Blount.
Cardinal Wolsey : Si vous voulez garder l’enfant, je la ferai transférer dans une maison à Jéricho. Je me chargerai aussi de son époux.
Buckingham : Mon père m’a raconté qu’il avait prévu d’assassiner Richard III. Il devait se présenter devant lui avec un couteau dissimulé. Votre Majesté.
Le valet présente sa main au Duc de Buckingham quand celui-ci le poignarde.
Henry VIII : Je suis impatient d’aller à ce sommet. Cela changera le monde à jamais.
Cardinal Wolsey : C’est mon plus grand espoir et j’y crois fermement.
Henry VIII : Rien ne sera plus jamais comme avant, Votre Eminence. Vous et moi allons devenir immortels.
Fin